Disparition de Yolande Govindama
Disparition de Yolande Govindama
Nous avons l’immense tristesse de vous faire part du décès du Pr. Yolande Govindama, à
l’âge de 69 ans.
Professeure des universités, psychologue clinicienne, ethnopsychanalyste, Yolande
Govindama avait une formidable énergie qu’elle a mis au service de nombreuses
institutions, d’enseignement, de recherche et de soins et au service de ses patients.
Elle s’est ainsi consacrée depuis plus de trente à la protection judiciaire de l’enfance à Paris
où elle était experte près de la Cour d’appel de Paris et auprès des juges des affaires
familiales. Elle a fondé en 1984 puis dirigé le service de Protection Médiation Prévention de
l' OEuvre de Secours aux Enfants (OSE) à Paris.
Elle était, depuis 2016, membre du conseil scientifique de l’Observatoire National de la
Protection de l’Enfance (ONPE) et a été recrutée comme psychologue expert pour participer
aux Grenelles de la violence conjugale. Elle a cofondé la compagnie nationale des experts
psychologues.
Yolande Govindama était une professeure appréciée de ses collègues et de ses étudiants qui
ont loué son courage, son inventivité et sa ténacité.
Elle a été maître de conférences à l’université René Descartes au département de
psychologie clinique et psychopathologie interculturelle où elle a créé en 1997 avec la
professeure Hélène Stork le diplôme de DESS de psychologie clinique et de psychopathologie
interculturelle. Elle en a assuré la direction pédagogique pendant 3 ans puis la direction du
diplôme. Elle a ensuite été nommée professeure à l’université de Rouen, où elle a eu de
multiples responsabilités académiques. En particulier, elle a été membre du conseil de
gestion de l’UFR Sciences humaines et sociales de l’Université de Rouen, responsable de la
licence de psychologie. Elle a été directrice du laboratoire PSY-NCA puis du laboratoire
CRFDP et a conduit des transformations institutionnelles importantes avec un
investissement sans faille.
Ses domaines et intérêt de recherche étaient variées au sujet desquels elle a beaucoup
publié. Elle s’est particulièrement investie dans le domaine de l’interculturalité, sur la
fonction symbolique de la culture en rapport avec les processus psychiques et sociaux ainsi
que la question des traumatismes éclairée par la dimension interculturelle. Elle était une
spécialiste internationalement reconnue en ethnopsychanalyse pour la finesse de son
approche et elle a conduit de nombreux travaux dans ce domaine depuis sa thèse en
anthropologie en 1992 à l’université Paris 5 sous la direction d’Hélène Stork sur La
socialisation du corps et du regard chez l’enfant hindou de l’île de la Réunion : une étude
ethnopsychanalytique et son ouvrage sur Le monde hindou à La Réunion. Approche
anthropologique et psychanalytique en 2006. Elle y travaillait la fonction des rites dans le
monde hindou réunionnais à travers la notion de don. Elle avait une culture immense sur les
questions interculturelles et un sens clinique aigüe.
Encore les 3 et 4 décembre prochains, elle organisait un colloque international sur
« Traumatismes réels – culture – santé » à l’université de Rouen. Professeur émérite depuis
l’année dernière, elle continuait avec énergie et enthousiasme de diriger des thèses, de
conduire des recherches et d’entretenir un climat d’échanges intellectuels intenses avec ses
collègues.
Pour ses collègues, amis, étudiants, elle nous manquera.
Anne Boissel, Jean-Michel Coq, Frédéric Forest et François Pommier